#21  « Debout les femmes »

Aussi appelé Hymne des femmes ou Hymne du MLF
Coécrit en 1971 par plusieurs militantes du MLF et futures Gouines Rouges

L’une des premières choses de l’histoire du féminisme qu’on m’a transmise a été ce chant. C’est par la force de cet hymne que j’ai découvert le Mouvement de Libération des Femmes. Le MLF est un mouvement féministe radical qui dénonce la domination masculine et lutte contre le patriarcat. Le mode d’organisation comme la non-mixité ou encore les perspectives révolutionnaires de ce mouvement marquent une rupture dans la lutte féministe. A tel point qu’on parle de « deuxième vague ».

Ce mouvement a foisonné d’idées pour faire entendre ses revendications. En voici 3:

Leur première idée géniale, c’est le premier événement qui marque le début du MLF : ça s’est passé le 26 août 1970, en soutien aux femmes en grève aux Etats-Unis. Une dizaine de femmes ont déposé une gerbe de fleurs sous l’Arc de triomphe à la femme du Soldat inconnu avec ce message si juste : « A celle qui est plus inconnue que le soldat inconnu, sa femme ».
Sur l’autre banderole, est inscrit un slogan bien connu aujourd’hui : « Un homme sur deux est une femme ».
La mauvaise nouvelle : elles ont toutes fini en GAV…
La bonne : plusieurs journaux ont médiatisé cette action symbolique!

Une autre action audacieuse que j’ai envie d’évoquer est la pétition que certaines militantes du MLF ont signée. Le fameux manifeste des 343 intitulé « Je me suis fait avorter » est publié dans Le Nouvel Observateur en avril 1971. Il a clairement ouvert la voie à la dépénalisation de l’avortement (4 ans plus tard)!

En ce qui concerne le chant, j’ai adoré le re-découvrir lors de l’expo ‘Parisiennes citoyennes’ qui évoque son écriture. Ca s’est tenue chez Monique Wittig « un soir à une quinzaine de filles. C’était 2 jours avant la fête d’Issy. » (Info importantes )

Et je dois dire que ces élans militants me font penser à ceux que nous vivons actuellement. Portons nos revendications politiques haut et fort, en chanson , sur les murs , dans la rue .

V

Les paroles de l’Hymne du MLF ont été publiées dans Le Torchon brûle n°3, p.2 en février 1972. L’archivage est certainement la clef de la postérité de nos actions / luttes !

Il y a tant de choses à dire sur le MLF ! Je ne suis donc pas rentrée dans le détail les différents courants et idéologies qui ont traversé le MLF ni sur les tumultes au sein du mouvement provoqués par le dépôt à l’INPI du nom « Mouvement de libération des femmes – MLF»… Perso, j’ai trouvé des informations intéressantes dans le magazine Questions Féministes n°7 publié en février-1980 !

Sur son site, Marie-Jo Bonnet ajoute : « Josée Contreras qui se souvient avoir proposé l’air du Chants des Marais qu’elle avait appris en colonie de vacances en ignorant qu’il s’agissait du grand chant des déportés. » A ce sujet : l’air de la chanson composé par les communistes allemands emprisonnés dans un camp de concentration en 1933 ainsi que certaines paroles (« femmes esclaves », « continent noir ») font l’objet de critiques et sont critiquables.

La Fête d’Issy est un rassemblement pour commémorer la défense du fort d’Issy par les femmes de la Commune. Les personnes présentes étaient : Monique Wittig, Marie-Jo Bonnet, Hélène Rouch, Cathy Bernheim, Catherine Deudon, M.-J. Sinat, Gille Wittig, Antoinette Fouque, Josyane Chanel et Josée Contreras (source mariejobon.net/).