« Rencontrer des gouines, des personnes trans et me rencontrer, ça a changé ma vie.
Dans nos sociétés empoisonnées par les injustices, la haine et les violences, nos communautés en mouvement demeurent des puits d’inspiration joyeuse, salvatrice et porteuse d’espoir. »
Quelle période compliquée pour nous toustes.
Alors faire? Eh bien, peut être recommencer à partager des récits, des initiatives qui font du bien, qui mettent en lumière les parcours queer et donnent de la force.
Alors aujourd’hui, on est très heureuxses de partager un nouveau récit pour la série « Un.e tel.le est Label Gouine* ».
C’est celui de Noa. 💜
Hors des terrains de foot et des manifs où l’on se croise systématiquement, Noa écrit de la poésie depuis une dizaine d’années. Sa pratique généreuse l’amène à animer des ateliers d’écriture, organiser ou participer à des soirées de lecture. Iel écrit des textes expérimentaux autour des oralités, hors des normes établies de la poésie traditionnelle. Et on vous invite chaleureusement à suivre son travail directement sur @noamerakis !
On se réjouit de faire résonner tes réflexions et tes mots, empreints de douceur, de passion et d’engagement. ✊
À l’origine, Noa signifie « en mouvement » et j’avais envie d’écrire sur cette notion. Sur le plan idéologique, elle s’oppose aux politiques conservatrices et fascistes qui voudraient que rien ne change et revenir à une société rétrograde. Ensuite, elle fait sens personnellement car mon « identité » est en mouvement depuis toujours. Si je devais me décrire en ce moment, je dirais que je suis gouine non-binaire, je ne me retrouve ni dans le fait d’être une meuf, ni dans le fait d’être un mec. C’est cette perpétuelle navigation, entre/ au-dessus/ à l’extérieur des genres et du binaire qui me provoque un sentiment de bien-être et de liberté. Faire la connaissance de personnes queers, investir de nouveaux espaces et découvrir des œuvres de la communauté, m’a permis de réfléchir à mon genre et de finalement poser les mots sur ma non-binarité. Avant cela, j’ai traversé des moments psychologiquement difficiles. La situation s’est grandement améliorée après avoir choisi un prénom, un pronom, et l’expression de genre qui reflètent qui je suis et qui je me sens être. Je suis extrêmement reconnaissantx envers toutes les personnes qui se sont battues pour les droits des minorités, et envers celles qui publient des récits et des contenus sur nos trajectoires. C’est en partie grâce à elles que je me suis rencontréx. Il n’est jamais trop tard pour se rencontrer et ce type d’expérience remplit nos existences de lumière.
Aujourd’hui, j’ai envie de rendre ce que j’ai reçu en quelque sorte. C’est pour cela que j’écris des poèmes queers et les lis publiquement, que je photographie mes adelphes, les interroge, les filme et que je partage et garde des traces de ces créations. Je m’en suis longtemps voulu de ne pas me lancer dans un type d’art spécifique et de m’y tenir. Maintenant, j’ai accepté le fait d’être passionnéx par toutes les formes d’expression artistique et d’en pratiquer plusieurs. Celles-ci s’alimentent et même si ce n’est pas mon métier, je poursuis avec ferveur mes divers projets, en parallèle du militantisme féministe, queer et anticolonialiste. Créer et s’engager sont des actions qui impliquent d’être en mouvement, ce sont mes deux moteurs.
J’ai du mal à me définir comme artiste mais je crée depuis plus de 10 ans, des textes et des images. Par ailleurs, je travaille sur l’ouverture d’un petit tiers-lieu lesbien-queer dans le sud est de la France. Dans mon idéal, des personnes de tout âge s’y rencontreraient, autour de la nourriture méditerranéenne (mon père est grec), de la musique, des expos et concerts d’artistes pas forcément connu·es, de bon café et de bonnes bières. Dans les mouvements pour nos droits et contre toutes les discriminations afin de faire basculer le rapport de force, l’enjeu des espaces et des lieux est essentiel.
Rencontrer des gouines, des personnes trans et me rencontrer, ça a changé ma vie. Dans nos sociétés empoisonnées par les injustices, la haine et les violences, nos communautés en mouvement -avec leur lot de difficultés et leurs imperfections- demeurent des puits d’inspiration joyeuse, salvatrice et porteuse d’espoir.