« Être out est un privilège.
Ne pas l’être ne fait pas de nous des personnes “moins lesbiennes” ou moins légitimes.
Nos parcours de vie, nos histoires, sont tout aussi valables.
Le nier ou nous exclure est une violence. »
On continue notre série « Un.e tel.le est Label Gouine* » avec Sam, militante féministe et antiraciste chez 1001 Lesbiennes et Queer.
On a rencontré Sam dans un cadre militant et amical.
Par la suite, on s’est retrouvé partout : en manif, en soirée, et sur tous les terrains de luttes ! ✊
Merci Sam d’avoir écrit ce texte et de le partager ici, il est précieux. 💜✨
On a beaucoup échangé et eu envie de faire des choses ensemble.
🔜 Certaines de ces choses seront bientôt annoncées d’ailleurs.
@milleetunequeer est un collectif féministe LBTQI+ qui réunit des personnes issues de l’immigration défendant un féminisme intersectionnel et pro-choix. Intersectionnel car lorsqu’on est une fxmme arabe, noire, asiatique, juive ou rom, quon est aussi lesbienne ou bi, qưon vit dans un quartier populaire…les dominations subies peuvent s’accumuler et peser sur le bien-être, la santé et la liberté. Pro-choix car @milleetunequeer revendique le droit imprescriptible à disposer seule et librement de son corps.
Être Arabe. Être Lesbienne. Faire vivre en harmonie ces deux identités n’a pas toujours été aisé. Encore fallait-il connaître l’existence de « lesbienne », aussi bien du terme, mais également de ces meufs* qui aiment les meufs*. Lorsque l’on grandit dans un environnement qui a supprimé ce mot du vocabulaire, c’est assez difficile.
Des lesbiennes, il n’y en avait pas dans mon entourage, pas dans mon quartier, pas à la télé. Plus tard, les rares fois où j’en ai vu, je ne me suis pas identifiée. Je ne pouvais pas en être. Pas en tant qu’arabe. J’en prenais pour preuve le fait qu’elles étaient toutes blanches.
Cette invisibilisation des lesbiennes arabes a nettement compliqué la conscientisation et l’acceptation de cette identité. Il aura fallu que je découvre par hasard les soirées lesbiennes pour que je comprenne que j’étais au bon endroit. A ma place. Que je comprenne que cela est possible, que cela existe vraiment et que je n’étais pas la seule dans ce cas. Que je comprenne que j’avais le droit de vivre ces attirances et ces amours.
J’ai compris que j’avais le droit d’être celle que je suis vraiment, de vivre pleinement cette identité et ce, même en tant qu’arabe. J’ai compris que cela serait source de bonheur et de liberté.
Puis, c’est petit à petit, au contact d’autres gouines* que je me suis acceptée et que j’ai appris à revendiquer cette identité : je suis lesbienne.
Je suis fière d’appartenir à cette communauté, d’être parmi ces gouines* qui prennent l’espace, qui le réaménage, qui existent et le font savoir, qui piétinent les normes imposées. C’est une véritable joie de pouvoir grandir en son sein, de m’y émanciper, d’y lutter pour nos droits. Et grâce à toutes les lesbiennes qui m’entourent, j’ai appris à être en paix avec moi-même et à chérir cette identité. À vivre pleinement cette fête.
Cette joie est malgré tout entaché par le fait que je continue d’y vivre des dynamiques d’oppression et de rejet.
Nous, lesbiennes arabes, y sommes assez invisibles et le racisme y est bien ancré. Il se manifeste surtout à travers bon nombre de réflexions exotisantes ou de fétichisation tels que « j’adore les arabes » ou « j’aimerais bien coucher avec une maghrébine ». Cette objetisation de nos corps, cette essentialisation, due à des représentations racistes et coloniales, nous déshumanise, nous hypersexualise et nous réduit à des fantasme ou expérience sexuelle à vivre.
Le rejet est lui aussi bien présent et se cache derrière l’injonction au coming-out. Être out est un privilège. Ne pas l’être ne fait pas de nous des personnes « moins lesbiennes » ou moins légitimes. Nos parcours de vie, nos histoires, sont tout aussi valables. Le nier ou nous exclure est une violence.
Travaillons sur nous pour que notre communauté puisse accueillir toutes les lesbiennes. Faisons en sorte que nos espaces soient safe pour nous toutes et qu’ensemble nous puissions crier : bravo LES lesbiennes. Toutes les lesbiennes.