Label Gouine*

Loan Coppet – Carte Blanche

« Ces rencontres.
C’est ne plus vivre dans le désert.
C’est ne plus être perdu. 
[…]
C’est défaire le monde à plusieurs. »

2025, c’est reparti avec notre série « Un.e tel.le est Label Gouine* » pour toujours plus de visibilité, de transmission et de luttes !

On a souhaité publier le récit de @loancoppet pour commencer l’année, parce qu’il nous a semblé convenir justement à notre envie (et besoin) de se donner de la force et de rester ensemble.

Ce récit est le point de départ de rencontres qui ont eu lieu lors des moments littéraires dédiés à l’œuvre de Monique #Wittig co-organisés avec l’association @ami.eswittig , @belouhabibi , @stephaniegarzanti à @betonsalon .

Peut-être tu te reconnaîtras dans ses émotions et ses mots comme nous nous y sommes reconnu·e·s 💜

On vous invite à suivre son compte pour que les mots de Loan résonnent encore un peu plus ! 🔥

Chez moi c’est les gens.

Et s’il n’y avait pas d’endroits, il y avait les gens. 

Dans ce cas-ci, il y avait un endroit et il y avait des gens. 

27 Janvier 2023.

9 Esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris

Bétonsalon.

Entrer dans cette salle.

Regarder autour de soi et s’y voir.

Croiser le regard de l’autre.

À côté de soi,

Au bout de la salle.

D’abord inconnu·e.

Puis ami·e·s.

Ami·antes.

Amantes.

Se lire.

S’écouter.

Se regarder. 

Sourire. 

Sensation innommable.

« j/e ahanne, j/e suis secouée, j/e trépide, j/e trépide, j/e ne peux pas tenir m/a bouche fermée, j/e crie vers toi, j/e t’appelle, toi innommable innommée, celle de qui j/e ne dois pas dire le nom celle dont le nom innommable par m/oi prononcé fait sortir les guêpes de leurs ruches, elles sont là sur m/oi en essaims, elles m//aveuglent, elles m/e frappent de leurs corps en s’abattant sur m/oi, elles m/e piquent de leurs dards par milliers, elles m//étourdissent de leurs bourdonnements d’enfer, elles m/e rentrent par les conduits des oreilles, elles m//atteignent, elles m/e crèvent les tympans, elles obstruent m/es sinus, elles injectent le poison de leurs aiguillons dans m/es tissus, elles m//introduisent ta colère. » Le corps lesbien, Monique Wittig, 1973.

10 ans auparavant, iels se retrouvaient aussi. 

« On a lu en solo, en double, ensemble. On a très bien lu, on a moins bien lu et c’était tant pis. » Elisabeth Lebovici (Le beau vice), 2013.

Ces livres qui passent entre nos mains, ces mots qu’on lit et répète à haute voix.

Wittig nous enivre.

Wittig nous séduit par la musique de ses mots.

Wittig nous confronte à la douce violence de la rencontre.  

Wittig nous dit j/e, t/u, on, nous. 

Le temps d’une soirée, ensemble, on met en « commun nos rêves, nos lits, nos initiatives, nos formes de vie, nos activités, nos alimentations, nos découvertes, nos amours. » Brouillon pour un dictionnaire des amantes, Monique Wittig & Sande Zeig, 1976

Ces rencontres.

C’est ne plus vivre dans le désert.

C’est ne plus être perdu.

C’est affirmer que le monde entier est fou et que c’est nous qui avons raison.

C’est se souvenir, mais surtout inventer.

C’est trouver celles avec qui faire des rondes le soir.

C’est des Je jamais sans Tu, des je/tu, des nous, des multiples, des cercles.

Ces rencontres.

C’est se croiser en manif, dans les rues, dans la nuit.  

Tous ces chants scandés.

Toutes ces paroles hurlées.

Tous ces noms hués.

« Les amantes vocifèrent, elles crient à tue-tête, elles hurlent, elles tempêtent, elles s’égosillent, elles s’époumonent, elles sanglotent, elles gémissent, elles vagissent, elles mugissent, elles brament, elles miaulent, elles font des stridulations, elles grognent, elles ronronnent, elles feulent, elles hululent, elles cajolent, elles pépient, elles chuchotent, elles fredonnent, elles ramagent, elles gargouillent, elles craillent, elles roucoulent, elles soupirent. Tous cris qui s’effectuent en état d’amour, ou simplement pour vaquer à quelque occupation. » Brouillon pour un dictionnaire des amantes, Monique Wittig & Sande Zeig, 1976

Ces rencontres.

C’est dire : « Je t’ai vu. » 

C’est dire : « Viens, reviens ! »

C’est dire : « Ça m’a fait penser à toi ! »

Ces rencontres.

C’est défaire le monde à plusieurs. 

C’est traverser au feu rouge.

C’est écrire de la main gauche. 

C’est prendre le train.

C’est se croiser en librairie.

C’est manger des frites.

Ces rencontres.

C’est un voyage que je veux sans fin.

Chez moi c’est les gens. 

Chez moi c’est où le moi est contente d’être là.

Chez moi c’est partager ces moments.

Chez moi c’est réfléchir ensemble.

Chez moi c’est militer ensemble.

Chez moi c’est lire ensemble.

Chez moi c’est écrire ensemble.

Chez moi c’est rire ensemble.

Chez moi c’est aimer tout le temps en grand A.

Ami·e·s. Amour. Ami·antes.

Chez moi c’est toujours vous.

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